#e-actus - le 27/04/2023

Le droit de demain

Les évolutions technologiques transforment les pratiques et entraînent de nombreuses évolutions en matière de compétences et d’emplois. Avantage pour certains, barrière pour d’autres, dans tous les cas, les professionnels du droit ne peuvent plus exercer comme avant. Lors du Grenelle du droit 3 en 2020, il été déjà mentionné que : « les outils numériques ont bouleversé la méthode de travail des avocats et des juristes ». Ainsi, ils doivent s’adapter, car, parallèlement aux connaissances juridiques, des compétences en digital sont à présent indispensables.


On vous dit tout sur les « tech »

Nous constatons depuis plusieurs années l’émergence de néologismes, souvent issus du monde des startup, qui visent à associer un domaine historique de l’activité (finance, santé, droit), aux nouveaux outils technologiques qui participent à le transformer.

Ainsi, nous retrouvons fintech, legaltech, regtech… Certains sont explicites, mais d’autres mérites un éclaircissement :

  • Fintech

Les Fintech ont pour objet de changer les pratiques historiques des acteurs de la finance, par le biais de technologies visant à améliorer le parcours client et l’accessibilité des services.

D’après Finance Mag, c’est dans les années 1990 que le terme Fintech est apparu pour la première fois, utilisé par Abraham Leon Bettinger, financier américain. Mais c’est après la crise financière de 2008 qu’il s’est réellement répandu. Leur objectif est d’optimiser les services financiers pour les rendre plus efficaces, à moindre coût. D’après le cabinet KPMG, ce n’est qu’en 2015 que la Fintech est devenue un peu plus connue du grand public. On distingue aujourd’hui trois types de Fintech :

  1. Celles orientées BtoC comme les banques 100 % digitales, les cagnottes en ligne, les plateformes de crowdfunding ou encore les outils de gestion de patrimoine.
  2. Celles BtoB proposent des services aux grandes entreprises ou aux PME. Leurs outils facilitent par exemple l’affacturage dématérialisé.
  3. Celles BtoBtoC comme les plateformes d’investissement qui mettent en relation les entreprises et les potentiels investisseurs.
  • Legaltech

Le but des legaltechs est de faciliter le quotidien des entreprises et des professionnels du droit et de la justice en utilisant des logiciels, de la dématérialisation et de l’automatisation afin de proposer des services juridiques dématérialisés. Les Legaltechs peuvent être définies comme des start-up du droit en ligne, qui proposent aux entreprises et aux particuliers des offres 100 % digitales.

  • Regtech

Le but des regtechs est de proposer des services d’optimisation de la conformité à l’industrie bancaire en s’appuyant sur des technologies innovantes comme l’intelligence artificielle, le Big Data ou encore le Cloud. Elles permettent aux établissements bancaires de gérer l’exploitation des data dans des cadres réglementaires. Les regtechs interviennent également pour faciliter le reporting, assurer la protection des données, suivre les transactions bancaires, gérer la conformité ou encore surveiller les marchés.


Les métiers évoluent

D’après Clarisse Berrebi, avocate et ancienne Présidente de la commission Nouvelles technologies du Conseil national des Barreaux, « le digital a profondément bouleversé l’activité d’avocat, jusqu’à peu de temps, il était pourvoyeur d’informations juridiques. A présent, il ne l’est plus. Aujourd’hui, lorsque l’on va voir son avocat, on n’attend plus de sa part un certain nombre de réponses parce qu’on est capable sur Internet de procéder à un niveau de recherche tellement poussé qu’on collationne suffisamment de sources pour avoir un niveau de réponse suffisamment fin. »*

Ainsi, de nouveaux profils fleurissent dans les entreprises et en cabinets, formés à des compétences extra-juridiques. Ces experts sont désormais capables d'être de véritables business partners avec des compétences en gestion de projets, parlant plusieurs langues et maniant les technologies numériques. Les recruteurs exigent qu'ils aient de nouvelles compétences prioritaires, appelées soft skills, ou compétences comportementales, dont la maitrise du numérique fait partie. Les professionnels du droit doivent avoir des connaissances fondamentales sur ce qu'est un outil digital et être capable « d'identifier, analyser et implémenter dans l'entreprise des connaissances digitales » explique Christophe Roquilly, Directeur de LegalEdhec.

La tendance est à la réalisation des tâches à faible valeur ajoutée (recherche de jurisprudence, recherches de données massives) par des outils, afin de concentrer les professionnels du droit sur le conseil et sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

 

L’avocat augmenté

L’avocat devient un professionnel du droit augmenté. C’est-à-dire, un professionnel qui, par la maitrise des outils digitaux, renforce son activité tout en veillant à préserver des liens humains au sein de l'univers numérique dans lequel il exerce.

Passer maitre dans l'art de manier les technologies assure aux avocats et autres professionnels du droit, performance et compétitivité sur le marché des services juridiques. Le numérique offre la possibilité d'atteindre un degré d'analyse et d'expertise permettant d'être au plus près de la prise de décision tout en conservant une relation de proximité avec son client.

Comme l’indique Jean-Pierre Buyle, ancien bâtonnier de Bruxelles et président de l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique, « les legaltechs sont aux avocats ce qu’étaient [pour eux] les bibliothèques hier ».

Le professionnel du droit peut ainsi s’appuyer sur des solutions analytiques, des traitements de données, de tableaux de bord… afin de devenir un véritable stratégiste, agile sur le plan numérique tout comme sur le plan humain.



Au vu de l’essor des nouvelles technologies et de la simplicité d’accès aux informations juridiques présentes sur le net et consommées par les citoyens, les professionnels du droit n’ont pas d’autres choix que de s’adapter aux nouveaux outils numériques, afin de répondre au mieux aux besoins du client.

Les citoyens sont devenus beaucoup plus exigeants, il souhaite trouver, en quelques minutes, un avocat spécialisé qui lui convient et lui apporte des solutions.

Ainsi, le professionnel du droit doit ajouter à ses compétences en droit, des atouts en communication et en outils numériques intégrés dans une stratégie digitale globale.

L’avocat devient alors une sorte d’entrepreneur du droit en se réinventant et en développant de nouvelles prestations, faisant valoir son savoir-faire et marquant sa valeur ajoutée dans tout projet.







*Village-justice.com – Révolution numérique et évolution de l’activité de l’avocat - 2014